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de terrain, au bord d’une flaque en lavoir, en vue d’une église, une chaumière fume, sur le seuil de laquelle les parents et les amis de celui qui s’en va, là-bas, le bâton à la main, échangent les propos qu’on devine, j’allais écrire, que l’on entend. Il n’est point jusqu’au petit chien qui ne jappe tristement au maître qui le quitte. Bien avant Greuze et moins théâtralement, David Teniers, si jovial d’ordinaire, savait traiter ces scènes de famille. Peut-être celle-ci n’est-elle si prenante que parce qu’elle représente un épisode de sa propre vie et tout permet de le supposer, car il y a dépensé plus que de la maîtrise de coloriste. Le temps d’ailleurs, complice de ces « adieux » évocateurs, en a cristallisé la larme en perle.

Terminons par Van der Nerr et la superbe fin du jour nommée sans plus « Paysage » au catalogue. C’est un canal encore, car les maîtres néerlandais ne varient guère. De moulins en canaux et de canaux en moulins, on dirait qu’ils peignent sur le pas de leur porte. La ville profile l’alignement de ses maisons briquetées aux toitures en gradins sur un ciel en irradiation. À gauche une prairie close par une haie où les vaches, accablées, ruminent. Deux voisins, par-dessus cette haie, taillent bavette, une ménagère tricote, un enfant joue avec un toutou. Dans le flamboiement atmosphérique, des nuées bondissent et se poursuivent, et le tableau vous emplit des délices de la vie patriarcale, qui, Ivan Tourgueneff vous le dirait avec Virgile, est la bonne.


Les autres toiles anciennes du cabinet étaient, d’après mes notes, de moindre intérêt sinon de moindres signatures. On y voyait un portrait de jeune