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ce que ce prince (lui aussi) des concierges me répondit le jour où j’allai lui demander son adresse à fin de visite, il y a de cela une dizaine d’années.

Par un accès d’aberration qui signe le retour d’âge artistique, je m’étais laissé entraîner à poser, à tout hasard, ma candidature au prytanée, lorsqu’un ami me prévint qu’un rival sérieux, mais encore non déclaré, devait s’interposer entre moi et la Suzanne du pont des Arts. Je courus villa Saïd. — Est-il vrai que tu te présentes ? — Je n’en sais rien. Pourquoi ? — Parce que dans cette occurrence il n’y a qu’à te céder le pas au nom de tout ce qu’on révère. Appètes-tu ou n’appètes-tu pas ? Sauve-moi du ridicule. — Eh bien on appète pour moi. — Merci, je me désiste. Ouf ! quel impair tu m’évites ! — Mais mon vieux camarade me retint : — Écoute, on tombe là comme des quilles. À la prochaine vacance, veux-tu ? Je te promets ma voix d’avance et dès à présent. Ça t’en fera toujours une.

Et ma foi, je le pris au mot. Il faudra donc qu’il y aille, une fois au moins, à cette Académie, et je le tiens sous mon talon de fer. Rassure-toi, Anatance, le pauvre Bergeret ne t’acculera pas au parjure, ma crise est passée, je suis guéri, je n’aime plus Suzanne.