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voire leurs sceptres à ses pieds. Elle pouvait, si elle l’avait voulu, comme ses rivales aériennes, se laisser passer au doigt l’anneau royal et achever ses jours dans une cour au faste asiatique, et c’était elle qui tout d’un coup, de sa voix d’Italienne, au timbre dramatique, s’écriait en se tournant vers sa fille : Ah ! mon dieu, Ernestine, je n’ai plus de laine verte pour les feuillages !…

Je me souviens qu’un jour, dans son écrin, elle nous montra, entre toutes ses bagues, un anneau de cuivre doré comme les colporteurs en vendent dans les foires et qui valait quinze sous au prix fort, s’il les valait. — C’est tout un roman, nous dit-elle. J’étais à Londres en représentations, en 1839, et j’y faisais florès, de toutes manières, puisqu’il faut le dire. Entre ceux qui me laissaient le moins de repos, le plus tenace était un exilé français dont je vous dirai le nom tout à l’heure. Il menait grande vie en Angleterre et, à force de folies, il en était à ses pièces. Je ne le recevais qu’au théâtre, dans ma loge. Il vint un soir m’y faire ses adieux. Il s’embarquait pour Boulogne, où, assurait-il, il était attendu par tous les fidèles de son oncle. — Gardez cette bague, fit-il, en souvenir de moi, et, quand vous rentrerez à l’Opéra, rapportez-la-moi aux Tuileries. J’y serai certainement et, si vous voulez, je vous l’échangerai contre une autre, à votre gré. — Il va sans dire que je ne suis pas allée aux Tuileries, ni avant ni après le coup d’État et que la bague m’est restée pour compte. Mais Napoléon III était fidèle à ceux qu’il aimait et je serais peut-être impératrice.

À l’un de ses passages à Paris je la conduisis au nouvel Opéra, celui de Charles Garnier, qu’elle ne