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III

MENTON EN 1867


Avez-vous été poitrinaire ?

Ce n’est pas être phtisique, et loin de là ! La « poitrinairerie » n’a rien de la formidable tuberculose ; elle est un mal tout littéraire, de durée plus ou moins longue, et dont la cure est inscrite au Codex sous cette formule : « Mangez à votre appétit ».

Il est vrai qu’on ne peut pas toujours se payer ce remède, et comme je me trouvais alors dans ce cas lyrique, les spécialistes m’envoyèrent à Menton, Alpes-Maritimes, à la bonne auberge du soleil.

— Vous n’aurez, me disaient-ils, qu’à vous étendre au bord de la mer, la bouche ouverte. Le vent y souffle de lui-même la bouillabaisse et, pour le reste, vous avez des oranges.

Je dois à la vérité de dire, toutefois, que le voyage à pied me fut épargné par la sollicitude d’un bon camarade que j’aimerai toujours quoi qu’il arrive, parce que le paradis est grand et que je ne suis pas