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II

HISTOIRE D’UN DÉBUT LITTÉRAIRE EN 1865
À LA COMÉDIE-FRANÇAISE


Par une chance extraordinaire, demeurée légendaire, et que j’ai payée toute ma vie, il m’a été donné de débuter dans les lettres à l’âge de vingt ans, au sortir du collège, et, cela sur la première scène de mon pays, la Comédie-Française.

C’était en 1865. Je venais de terminer au lycée Charlemagne mes études scolaires, couronnées en Sorbonne par un diplôme banal de bachelier, décroché d’ailleurs péniblement, car je fus écolier médiocre — je m’en accuse. Non point que je me sentisse rebelle à l’enseignement classique dont les deux grandes langues mortes sont les piliers de soutènement, et bien au contraire, mais la pédagogie universitaire, lente comme un char à bœufs, impatientait mon zèle et me semblait paralyser l’essor d’un esprit avide d’exercice. Je ne comprenais pas qu’il fallût user tant de culottes sur un banc pour venir à bout de l’Iliade et de l’Énéide et, de fait, je ne le com-