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XII

UN BIFTECK AUX POMMES


Je vous ai parlé du petit pavillon de garde ou plutôt de concierge, où, aidé de Maurice Dreyfous et d’Armand d’Artois, j’avais transporté mes dieux domestiques. À la vérité, je n’en avais point d’autres, et, dans les premiers temps au moins, je tenais mon ménage moi-même et perpétrais ma cuisine en personne. Les œufs durs, qui sont des choses toutes cuites, en formaient la base, assez indigeste, comme on sait, mais économique, et comme la sainte Providence a donné les meilleurs estomacs à ceux qui ont le plus de peine à les remplir, il ne laissait pas d’arriver que, selon le précepte de l’École de Salerne, je ne me couchasse, de temps à autre, sur ce demi-appétit qui est si favorable à l’hygiène.

Quand les crises étaient trop clamantes ou bâillantes, six escargots les apaisaient. Mais les chiens sont rebelles à ces limaçons et les chats plus encore peut-être. Or, ainsi que je vous l’ai raconté,