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XI

ALPHONSE DAUDET


Ce fut à cette époque que je connus Alphonse Daudet.

Où s’en vont-ils, les bons compagnons des années d’apprentissage ? Pourquoi s’éclipse-t-on les uns après les autres au lieu de partir ensemble, comme on était venu ? Ce serait mieux pourtant de tomber au gouffre, les mains encore nouées, ainsi que dans les rondes guillotinatoires des préaux de prisons, sous la Terreur ! Mais non, le Divin Boucher des Abattoirs Célestes procède par sélection dans ses décimations, les meilleurs d’abord, et les têtes d’élite. Les autres restent pour écrire leurs souvenirs.

Quand je pense que mon cher Daudet est dissipé, anéanti, depuis quatorze ans déjà, et qu’on n’est même pas sûrs de se revoir !

Coquelin nous avait présentés l’un à l’autre, dans sa loge, à la suite d’une représentation de L’Œillet