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Charles, en s’en allant, s’aperçut qu’il ne croyait pas.

Le doute l’avait ressaisi dans l’escalier même. Les Euménides l’attendaient à la porte. Dans le portefeuille, près du cœur, le curare reprit son œuvre, car il faut qu’elle ait son homme, la lettre anonyme ! la lettre, la lettre !…

Elle l’eut, et en un mois.

Un soir, Charles Lemalô sentit qu’il allait devenir fou. Il n’avait pas pu « tuer ». Il rentra chez lui, l’oreille bourdonnante, les méninges enflammées, vide de toute pensée. Adèle était absente. Il tira la lettre : « Ta femme te trompe…. Un ami », la délaya dans un verre d’eau, en bouillie, l’avala et se fit sauter la cervelle.

En vérité, je vous le dis, la lettre anonyme est la plus terrible arme de ce monde.