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folle qui y jouent le rôle du moucharabieh de la maison arabe, on y trouve des gymnastiques avec trapèzes et balançoires, le jeu de tonneau et de boules, tous les divertissements de plein air enfin, naïfs et chers à nos pères, où se résument, pour les bonnes gens du peuple, le plaisirs de la campagne. Une baignade, une traversée en canot jusqu’à l’île voisine, et le régal d’une gibelotte leur en complètent le paradis.

« Je triomphais ce matin-là par une pêche miraculeuse, et l’idée d’y faire honneur sur place m’avait amené à ce bouchon de mariniers, où m’attirait encore, je l’avoue, le souvenir de certain « reginglard » angevin qui datait dans ma magistrature.

« — Voici, dis-je au patron de l’oasis, en lui remettant ma cloyère ; faites-moi frire cette goujonnée, et, pour le reste, du meilleur !

« — Parbleu, mon président, vous tombez mal ou bien, selon votre humeur du jour, nous avons aujourd’hui une noce. Des faubouriens et leurs dames, tous en joie, et qui mènent déjà un train du diable. Du reste, écoutez-les. Vous ne serez pas tranquille sous votre tonnelle.

« — La mariée est-elle jolie ?

« Peuh ! Affaire de sentiment. Elle a des