Page:Bergerat - Contes de Caliban, 1909.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

Léon Gambetta, Scipion avait été reçu comme un fils chez l’armateur Van Kerde, et son élection paraissait assurée. Deux conférences organisées par l’opulent industriel lui-même, et auxquelles assistaient les quinze cents électeurs dévoués dont il disposait, avaient déjà révélé les qualités oratoires, très fortes en somme, devinées par son illustre protecteur. La presse locale marquait le pas du succès qu’une troisième conférence, donnée au théâtre de la ville, devait enlever définitivement. Ai-je besoin de vous dire que le programme était dunkerquois ? Tout par Dunkerque, pour le Nord et Jean Bart !

D’autre part, la tante Van Kerde, restée très félibréenne dans sa transplantation boréale, rêvait pour son Barbaroux de neveu quelque chose de plus doux et de plus fructueux que le mandat législatif, soit rien moins que de l’unir à Céleste Van Kerde, sa fille, qui, à ses attraits de blonde comme fleur de houblon, joignait une dot… ministérielle. Scipion n’était pas rebelle, et loin de là, au projet, et moins encore à la cousine. Il n’attendait même plus pour se déclarer que d’être porté à ses pieds par la voix du peuple souverain. Or, la combinaison de ce mariage politique contrariait un aimable roman