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Tyrrhénienne, où des moines pêcheurs de l’Ordre l’extrayaient pour lui des madrépores.

Et j’aurai tout dit de ces admirables manuscrits, aujourd’hui si rares, quand j’aurai signalé aux amateurs l’impeccable correction de leurs cuslos ou réclames, qui sont, au bas de la page précédente, comme l’appel si aimable du premier mot de la page suivante. Thierry de Matonville y veillait en personne.

Mais venons à Orderic.

Pour cet artiste extraordinaire les renseignements sont certains. Sur son lutrin, à lui, c’était le cygne de Mantoue qui chantait, et le cygne de Mantoue, c’est Virgile.

De l’aveu des Pères de l’Église eux-mêmes, Virgile, qui d’ailleurs a pressenti la venue du Rédempteur, est le poète dont le verbe, si humain soit-il, s’est le plus rapproché de l’idiome rythmique que l’on parle dans la maison du bon Dieu. Il n’y a là-dessus aucun doute.

Or, Orderic s’était uniquement voué et consacré à l’œuvre virgilienne ; il la « babuinait » et il ne babuinait qu’elle, depuis un quart de siècle, à un vers par jour, pas davantage, mais avec quelle main prodigieuse ! Le prieur en pleurait de béatitude dans sa stalle ajourée.