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nement du sang à la suite d’une blessure au pied, l’emporta le 1er décembre 1580.

Selon le vœu qu’elle avait exprimé, son corps fut transporté près de Bourg-en-Bresse, dans cette église de Brou qui est un bijou de pré-Renaissance d’une richesse un peu païenne et excessive, mais d’une si grande finesse en tous ses détails, et qu’elle avait fait bâtir afin d’y ériger les mausolées enfermant les cendres des siens[1].

Marguerite d’Autriche repose donc dans la terre de France, de cette France dont elle faillit être une des souveraines et contre laquelle elle garda toujours un ressentiment qui a ses circonstances atténuantes. Ne fut-elle point, par les qualités de son esprit, une vraie descendante des « Bourgogne » ?

Les pèlerins d’art qui vont visiter Brou et méditent devant le riche mausolée gravé de la mélancolique devise : « Fortune, infortune, fort une » ne peuvent que tracer, sur cette vie de vaillance douloureuse, le signe chrétien d’amour et de paix.

À Malines, Marguerite d’Autriche n’est pas oubliée non plus. Sa statue, due au sculpteur Tuerlinckx, se dresse, vivante et dominatrice, sur la grand’place, entre l’Hôtel de Ville, le vieux Palais des Echevins et les Halles, à l’ombre de la tour Saint-Rombaut[2].

  1. Ces mausolées furent conçus par un artiste tourangeau, Michel Colomb, mais les ouvriers flamands en ont modifié certains détails en les exécutant.
  2. L’érection de cette statue donna lieu, en 1849, à une mani-