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Elle s’égare parfois en des soucis plus prosaïques et se plaint d’avoir besoin d’argent avec une naïveté qui ne manque pas de saveur :

Fortune m’a de prou à peu restraincte
Dont nuit et jour j’ai la puce à l’oreille.

. . . . . . . . . .


Pour abréger j’ai tous les jours de rente
Amour, désir, regret, espoir et doulte…

Si certains poèmes peuvent paraître apocryphes, ce sont ceux où elle discute sur les choses d’amour avec entrain et malice, parce qu’on n’y reconnaît pas « < sa manière ».

Ne la retrouve-t-on pas, au contraire, tout entière, dans ce Rondel à Notre-Dame[1] :

Dame, qu’estes de Dieu la fille
Qui conceupte vostre souverain père
Et l’enfantant, demourastes pucelle
Conduisez-moi à mener vie telle
Que par péchier mon âme ne se altère.

Et Vous, Dame, tellement m’ame espère
De parvenir à telle fin prospère
Que parviendra en joye supernelle
Dame, qu’estes de Dieu la fille.

Deffendez-moi de l’ennemi haustère
Quant me faudra gouster la mort aspère
Et départir de la vie mortelle
De mon âme faites telle tutelle
Que point ne soir des enfers en misère
Dame qu’estes de Dieu la fille.

Son cœur douloureux et fidèle apparaît non

  1. Publié par van Hasselt.