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Conservant au fond du cœur un grief contre la France qui l’avait repoussée, Marguerite se rapprocha de l’Allemagne dans l’espoir de contracter une alliance avec elle. Elle eut à lutter, sur ce point, contre ses compatriotes qui ne partageaient pas toujours sa manière de voir.

Elle fit preuve d’autorité et de décision dans les résolutions qu’elle eut à prendre et les projets qu’elle voulut réaliser.

Elle se mêla à diverses manifestations politi-

    ment dans le jugement porté par l’auteur sur le clergé, sur la noblesse et même sur les femmes dont il dit par exemple : « Il y a des choses qu’un homme d’honneur ne fait pas, de ces besognes écœurantes auxquelles une femme sait se résoudre sans répugnance visible et le front serein. »
    J’ai trouvé plus graves encore ses opinions concernant la France à l’égard de l’Allemagne. Le passage suivant peut les résumer : « Rompre les liens séculaires qui rattachent nos provinces à l’Allemagne est une œuvre latine, antigermanique au premier chef… L’empereur étant alors notre souverain, avec bon espoir d’avoir, en Allemagne, son fils ou son gendre comme successeur, il ne pouvait que s’affaiblir en consentant à un retrait d’obligations féodales, tandis que le roi de France est l’ennemi héréditaire contre lequel on ne saurait prendre trop de précautions ni assez de garanties. »
    Plus tard, j’ai découvert la raison de ces théories francophobes en lisant, dans un autre tome de la Revue de la Belgique (15 novembre 1903), l’article nécrologique consacré par M. Paul Fréder à Rablenbeck qui venait de mourir :
    « Ardent huguenot, issu d’une famille belge qui avait dû se réfugier en Prusse jusqu’en 1792, Rahlenbeck professa une admiration sympathique pour la race germanique.
    « En 1870, il prit hautement parti pour l’Allemagne et, après la guerre, il alla s’établir à Metz pour y fonder un organe germanophile sous le titre La Gazette de Lorraine (1871-1877). Disons à sa décharge que M. P. Fréder le dépeint travailleur et généreux… Il vante aussi son impartialité… qui apparaît moins évidente.