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Elle eut un enfant, qui ne vécut point, et regagna, une fois de plus, la terre natale.

En 1501, elle épousa, près de Genève, Philibert le Beau, duc de Savoie. Elle goûta près de lui un bonheur de courte durée, car Philibert mourut trois ans plus tard.

La pauvre Marguerite pouvait dire, en vérité :

     Oncques à dame qui fut dessus la terre
     Les infortunes ne firent tant la guerre
     Qui font à moi triste infortunée…

C’est alors qu’elle adopta pour devise :

     Fortune infortune fort une.

À 26 ans, elle se trouvait seule, mûrie par l’épreuve et ayant acquis, avec l’expérience de la vie, celle des affaires. Elle se rattacha à l’existence, d’abord par instinct, grâce à sa jeunesse, puis par un besoin d’action et d’initiative qui inspira à ses proches l’idée de lui confier l’éducation de ses neveux et nièces et, en même temps, le gouvernement des Pays-Bas.

Elle accepta la double tâche, s’installa à Malines où résidait avant elle Marguerite d’York, et qui devint son domaine.

Politiquement, elle représenta, en Belgique, l’idée bourguignonne chère à son aïeul Charles le Téméraire et à son bisaïeul Philippe le Bon[1].

  1. Rahlenbeck : Les Trois régentes des Pays-Bas (art. de la Revue de Belgique, 15 août 1892). À propos de cet article de Rahlenbeck, il convient d’ajouter que parmi des aperçus souvent justes, on y rencontre, par endroits, une évidente partialité et une certaine âpreté, notam-