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début précoce d’une vie de deuils et de souffrances dans laquelle luira pourtant le rayon consolateur de tant de meurtris du destin : la poésie.

Fiancée, peu après, à Charles VIII, roi de France, qui atteignait alors sa quatorzième année, Marguerite fut amenée à la cour d’Anne de Beaujeu. Mais, en 1491, Charles, ayant décidé d’épouser Anne de Bretagne, rompit ses premières fiançailles, et Marguerite, vivement froissée dans son amour-propre, garda de cet affront un sentiment de rancune contre la France.

Après son séjour au château de Melun, elle retourna chez son père.

En ces huit années passées à la cour de France, elle manifesta un vif penchant pour l’étude et montra des dispositions artistiques qu’on encouragea. Ces tendances ne firent que s’accentuer par la suite ; elle leur donna satisfaction après son retour au foyer paternel. En 1497, de nouvelles fiançailles avec Jean de Castille, fils de Ferdinand et d’Isabelle d’Espagne, l’obligèrent à faire un voyage dans ce pays ; au cours de la traversée, une tempête éclata ; Marguerite fut un moment en péril. Sur cette aventure, elle composa un distique mi-ému, mi-plaisant, qu’on eût pu, disait-elle, inscrire sur son tombeau, si elle fût morte :

       Ci-gît Margot, la gentil demoiselle
       Qui a deux marys et encor est pucelle…

Elle débarqua, toutefois, saine et sauve, se maria, mais devint veuve dans le cours de la même année.