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le Miroir des Dames, le Tournoi des Dames, le Dit des Dames, l’Évangile des Femmes, etc., etc.

M. Georges Doutrepont, professeur à l’Université de Louvain, dont la magistrale étude sur la Littérature française à la cour des Ducs de Bourgogne[1] donne une documentation complète sur la bibliographie et la bibliophilie de ce temps, fait remarquer, toutefois, que ces prétendus féministes et leurs œuvres ne sont pas toujours les « louangeurs » des femmes, puisque, sous le masque d’un titre trompeur, ils en signalent les défauts et en ridiculisent les allures.

M. Doutrepont s’appuie, à ce propos, sur le jugement impartial d’une femme qui a étudié la question avec un soin tout particulier[2].

Aussi bien, tout n’est pas à admirer ni à louer dans l’ère bourguignonne. L’eau bouillonnante n’est pas l’eau profonde. Les fastes et les plaisirs entraînent à une licence des mœurs, à un éparpillement des forces de la pensée qui, tôt ou tard, provoquent une dégénérescence.

Très brillante, l’œuvre des quatre ducs manqua d’unité, de logique, parfois, et même, dans certains cas, de dignité.

Mais ce fut déjà beaucoup qu’en ce siècle encore imprégné de l’esprit barbare, elle constituât une sorte de pré-Renaissance qui prépara les Flandres à l’essor littéraire et artistique dont on les verra rayonner sous le gouvernement de

  1. Honoré Champion, édit., in-8°, 1909.
  2. Alice A. Heutsch : De la littérature didactique du moyen-âge s’adressant spécialement aux femmes. Cahors, 1903.