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une discussion qui prit le nom de querelle des Langues. En 1898, la loi de Vriedt proclama cette égalité en prescrivant l’emploi officiel des deux langues dans les actes, dans les écoles, dans l’armée. Peu de temps avant la guerre de 1914, le mouvement flamand s’accentuait de plus en plus. D’aucuns s’en inquiétaient à cause de la ressemblance qui existe entre cette langue et la langue allemande. On redoutait, dans cette tendance, une influence germanique.

Un exemple symptomatique de cet engouement pour le flamand est le suivant :

Une femme de lettres belge écrivit, avant la guerre, un ouvrage — en français — sur une célébrité nationale. Il se trouva un critique qui, tout en vantant les mérites du livre, fit cette réserve : « Il est regrettable qu’une telle œuvre n’ait pas été écrite dans notre langue nationale[1]. »

N’était-ce pas aller un peu loin ? Ce critique n’avait pas les raisons de Jacob Maerlant, créateur du genre didactique en Hollande, qui, tout en aimant la France, jugeait que la poésie galante et conventionnelle de l’époque, en grande faveur chez nous, convenait peu à son pays où il ne tolérait que des œuvres sérieuses, écrites en néerlandais.

En ces derniers temps, la lutte a pris une acuité

  1. Le roi Guillaume Ier de Hollande avait fait un jour la même réponse au sujet d’un écrivain belge de langue française, qui sollicitait une décoration de son pays natal sous la domination hollandaise.