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obéir au génie de sa race qui est latin, sans renoncer à puiser dans le fonds national ; il faut qu’elle aille boire à la grande source où sont naturellement conviées toutes nos petites Frances hors de France[1]. »

La Belgique est un pays essentiellement bilingue, décrète, de son côté, M. Henri Pirenne[2], en faisant remarquer que la langue française y régna par infiltration naturelle et non par droit de conquête et qu’elle y fut toujours la langue aristocratique, tandis que les dialectes dérivant de l’allemand sont parlés surtout dans le peuple.

Il est juste de reconnaître à la langue flamande un droit d’antériorité. Elle a été employée dans les plus anciens monuments littéraires belges. À diverses reprises, et, en particulier, au temps de la maison de Bourgogne, elle devint langue officielle en Brabant, remplaçant le latin dans les actes et les chartes.

Elle eut son rôle aussi dans la création de la poésie en Belgique[3]. Très rythmée, avec la cadence des syllabes fortes et faibles, elle se prêtait à la création des poèmes musicaux. La versification thioise ou théostique (nom du flamand à cette époque), assez monotone, réclamait le relief du chant qui reste mêlé à l’histoire de l’âme flamande.

  1. Histoire de la littérature française hors de France, libr. Fischbacher, 1895.
  2. Histoire de Belgique, tome Ier, Lamertin, édit. Bruxelles, 1900.
  3. La Chanson flamande au moyen âge, art. de M. J. Stecher, Revue de Belgique, 15 juin 1886.