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Des peuples dignes d’en jouir ?
Que sont ces conquêtes de villes
Pour ceux qu’un lugubre dessein
Arrache à leurs foyers tranquilles,
A leur travail fécond et sain ?…

L’ÉTOILE

Oui, oui, j’entends ces bruits de guerre
Ces massacres et ces forfaits !
Je vois la faim et la misère
Après la mort et les regrets.
Je vois l’épouse qui supplie ;
Je vois des enfants à genoux
A qui l’on veut ravir la vie
Sans qu’ils méritent ce courroux !
Mais après avoir vu l’épée,
La fusillade et la terreur,
Je trouve une terre occupée
Par le calme et par le bonheur.
C’est là que les plus nobles choses
Marquent ce ravissant séjour.
L’âme y fleurit comme les roses
Sous un ciel de paix et d’amour !

Si plats qu’en leur expression prosodique nous apparaissent ces vers, ils ont le pouvoir d’évoquer à nos yeux les tragédies récentes de Dinant, de Visé, de Louvain…

Oui, les poètes ont parfois le don de seconde vue. Le jeune Normalien français, Marcel Blanchard — mort au champ d’honneur, — ne nous l’a-t-il pas aussi prouvé en publiant, en 1913, les émouvantes pages du livre, la Grande Guerre, où passent des soldats « couleur de ciel », tandis que la Victoire s’écrie :