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de l’Occident, car tu peux lui porter la nouvelle —
de ce que la séparation me fait souffrir.

Le mouvement de tes ailes — éveille dans mon sein
un secret désir. — Les fleurs, les prés, les bois et
les collines — sont en pleurs sous ton haleine.
Mais ton souffle propice et doux — rafraîchit mes
paupières endolories. Ah ! je me consumerais
dans la peine, si je n’espérais le revoir.

Eh bien ! vole vers mon amant, — parle doucement
à son cœur ; — mais évite de l’affliger, et cache-lui
ma souffrance.

Dis-lui, mais dis-lui discrètement, — que son
amour est ma vie, — et, de l’un et de l’autre, sa présence
— me donnera le joyeux sentiment.

Ces vers ont une harmonie intense, et leur délicatesse jointe à l’accent sincère du cœur, de l’être tout entier, leur communique un grand charme que ne revêt pas toujours la poésie féminine de l’Allemagne, trop souvent uniquement cérébrale ou sensuelle, donc plus artificielle et moins fine.

Cette période heureuse ne dura pas longtemps pour Goethe et Marie-Anne. Un an après environ, Goethe retourna à Weimar ; les deux amis durent recourir à la correspondance pour échanger leurs pensées. Ces lettres sont écrites tantôt en prose,