fréquentes et tendres ; une passion où l’imagination, certes, jouait un grand rôle, les lia. Elle inspira à Marie-Anne de biens jolis vers, et il est curieux de voir avec quelle habileté d’artiste la jeune poétesse, tour à tour, évoquait les influences diverses des contrées opposées chantées dans les hymnes qui composent le Divan. Tantôt l’ardeur orientale la trouble :
Qu’est-ce que je sens venir à moi ? — Est-ce la
brise d’Orient qui m’apporte de joyeuses nouvelles ?
— Le frais balancement de ses ailes — apaise la profonde
blessure de mon cœur.
Son souffle caressant joue avec la poussière —
qu’elle soulève en légers nuages. — Elle pousse vers
la treille protectrice — le joyeux petit peuple des
insectes.
Elle attiédit les ardeurs du soleil ; — elle rafraichit
mes joues brûlantes ; — elle baise encore dans sa
fuite les pampres — qui décorent les champs et les
collines.
Et son doux chuchotement — m’apporte les paroles
de mon ami. — Avant que ces collines s’assombrissent,
— je serai tranquillement assise à ses pieds.
Tantôt elle se laisse imprégner par la mélancolie occidentale :
Hélas ! pour tes ailes humides, — je t’envie, brise