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aisé de découvrir que Suléika n’était autre que Marie-Anne Villemer, femme d’un riche banquier de Francfort, Jean-Jacques Villemer anobli plus tard par l’empereur d’Autriche et dont Goethe fréquentait la maison.

Marie-Anne Villemer, née Jung, avait eu une destinée quelque peu romanesque. Née à Linz, en 1784, elle était la fille d’un luthier, mais son père mourut lorsqu’elle était encore fort jeune, et sa mère l’engagea dans un théâtre pour y faire partie du corps de ballet.

Deux ans après, le banquier Villemer, qui pratiquait volontiers la philanthropie, ayant fait partie du comité de direction de ce théâtre, s’apitoya sur le sort de la fillette alors âgée de quatorze ans, et l’enleva à la scène pour lui donner l’hospitalité et la faire élever avec ses propres enfants. Une douzaine d’années plus tard, Marie-Anne devenait la femme de son bienfaiteur, qui venait d’atteindre sa cinquante-cinquième année et était deux fois veuf.

C’est cette même année, en 1814, que Goethe, presque septuagénaire, fit la connaissance de Marie-Anne Villemer. Elle produisit