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La cause de cette « grève des Muses » est peut-être dans le genre affecté à ce moment-là par la poésie.

C’est l’époque des longs poèmes religieux, imités du latin, ou chevaleresques, empruntés à nos cycles féodaux, chansons de geste… La matière épique domine : elle n’est pas du ressort féminin.

Cependant, bien que n’y jouant pas de rôle actif, la femme devient l’âme de la poésie lyrique d’alors. Sans doute cette façon d’être Muse lui semblait la meilleure ; elle y trouvait un aussi sûr garant d’immortalité. Mais il semble étonnant qu’elle n’ait pas répondu par quelques strophes aux galants poèmes tout remplis d’elle et que les empereurs, les princes se faisaient un honneur de signer, ainsi qu’en témoignent les œuvres d’Henri VI.

Le plus célèbre de ces Minnesinger (chantres d’amour) est assurément Henri de Meissen, surnommé Frauenlob (louangeur des dames). Il rendit aux femmes un culte si sincère, si ardent, que, lorsqu’il mourut à Mayence, les bourgeoises de la ville tinrent à porter elles-mêmes son cercueil jusqu’à la