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rière Amélie, après qu’elle eût cédé le gouvernement à son fils Charles-Auguste, s’était arrangé une retraite champêtre à Tiefurt, une demi-heure de marche de la ville, et ses anciens amis, auxquels se joignaient des étrangers de passage, venaient l’y trouver. « Mais il y avait des jours, raconte la comtesse d’Egloffstein, où la grande liberté avec laquelle on pouvait produire ses opinions, dégénérait en dispute. Alors, l’esprit capricieux de Wieland, le persiflage aigu de Herder et, avant tout, le génie dominateur de Goethe se croisaient ; de leur choc, jaillissaient des étincelles qui échauffaient les âmes, et la duchesse ne parvenait pas toujours à calmer les jouteurs. Seul, Schiller se tenait au milieu de la mêlée sans s’émouvoir, comme une lune tranquille passe au-dessus des nuées orageuses. »

Il faut arriver jusqu’à l’époque romantique pour trouver en Allemagne quelque chose qui ressemble aux salons français du dix-septième et du dix-huitième siècle. Berlin était devenu momentanément le centre de la vie littéraire. Les Juifs, qui s’étaient enrichis pendant la