Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/99

Cette page n’a pas encore été corrigée

attachait donc un grand prix à son amour, à elle ?… Et cette seule pensée faisait palpiter son cœur.

Aussi ne fallait-il pas s’étonner des rougeurs qui envahissaient son front, des petits tremblements de sa main, des hésitations subites de sa voix, quand le nom de M. Alain Duval était prononcé, ou mieux encore, quand sa personne elle-même se dressait troublée et ravie devant elle.

Cependant s’aimant à distance, se le disant des yeux, les deux naïfs amoureux se condamnaient à rester éternellement dans cette impasse sentimentale où la timidité de l’un et la pudeur de l’autre les tenaient renfermés.

Demander la main de Marcelle !… c’était une audace bien autrement dangereuse que celle de l’inviter à danser, et l’on se souvient peut-être des luttes et des angoisses du pauvre lieutenant avant la valse des Roses.

Encourager plus directement son soupirant mystérieux était chose impossible à Marcelle à qui cette attente ne déplaisait du reste nullement.

Elle était à cet âge où un regard suffit au bonheur d’une semaine, où l’on vivrait une année