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« Il n’a pas de fortune », répondait le calcul.

Et Judith ne voulait pas vivre sans fortune. Elle aimait trop le luxe, la toilette, les plaisirs, pour se condamner à la privation de toutes ces attrayantes choses.

Non, non…, M. Samson avait tort, mille fois tort. Elle n’avait pas recherché son attention. Il aurait dû avoir la conscience de son insuffisance.

Ce n’était pas à une souveraine beauté comme la sienne qu’il fallait porter l’hommage d’un amour si mesquinement doré.

Hortense — une Cendrillon — ou Marcelle — une pensionnaire — pouvaient s’en contenter peut-être ; mais elle… elle !… Judith ! qui se croyait assez de charmes, de jeunesse, de volonté pour soulever le monde !

Elle eut, dans l’ombre de sa chambre obscure, un sourire d’écrasant dédain pour cet homme à qui elle aurait pu, à la rigueur, pardonner son manque de noblesse, mais qui, pauvre, osait l’aimer !

Le colonel et sa femme laissèrent la jeune fille