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— Mais c’est énorme cela ! interrompit Hortense.

— Ce n’est pas l’aisance, répliqua Judith.

— Bah ! en province les besoins sont plus restreints, les habitudes plus modestes.

— J’ai peu de penchant pour la médiocrité.

— Quand on affectionne son mari, ma chère fille, la question pécuniaire perd de son importance.

— Quand on affectionne… oui… répéta Judith d’un ton amer.

— Mais je croyais, mon enfant, reprit le colonel, que M. Samson ne te déplaisait pas.

— Mais je croyais, mon père, que M. Samson avait une situation acceptable.

— Sans être tout à fait ce que je rêvais pour toi, la situation n’est cependant pas sans compensations.

— Qu’en pensez-vous, ma mère ?

— Ah !… s’il était seulement noble !

— Et toi, Nestor ?

— Si tu crois devoir aimer M. Samson de toute ton âme, épouse-le. Si tu ne te crois pas capable de supporter, pour l’amour de lui, une vie modeste et sérieuse, ôte-lui bien vite ses illusions.