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— Je vous crois bien peu confiante, madame.

— Eh bien, vous avez tort, monsieur, car je vous dis sans arrière-pensée : à bientôt !

Le commandant s’inclina ; jugeant qu’un plus long échange de banalités n’était point nécessaire, il courut porter ses hommages à Judith.

Madame Myonnet le suivit d’un regard expressif qui, bien certainement, ne s’était jamais empli d’une semblable flamme depuis la mort de feu Myonnet.

Judith, préoccupée, accueillit le commandant avec distraction. Un observateur minutieux aurait deviné que l’indiscrète révélation de la veuve avait profondément ébranlé dans son esprit le naissant prestige du jeune substitut.

M. de Poitevy ne pouvait soupçonner cette impression, mais madame Myonnet en était déjà au regret de l’avoir fait naître.

— Je ne suis qu’une sotte, pensa-t-elle ; ce sera le commandant qui recueillera l’héritage du substitut.

Et de fait, à voir l’un près de l’autre ces deux beaux jeunes gens, l’hypothèse n’avait rien que de très-vraisemblable.