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lente occasion pour solliciter de l’avancement ; et, enfin, la perspective d’être la femme d’un procureur impérial dans une grande ville avait quelque chance de pouvoir séduire mademoiselle Judith de Clarande.

M. Samson fit part à sa mère, qui habitait la campagne en Lorraine, de la chimère qu’il caressait avec passion, lui demandant de sonder adroitement son vieil ami le garde des sceaux sur la probabilité d’une position plus avantageuse.

La vieille mère, moins prompte à se nourrir d’illusions sentimentales, répondit sensément et brièvement :

« On nous blâme, nous autres mères, de désirer de la fortune pour les mariages de nos enfants ; mon cher Ernest, il me semble qu’il est grand temps que j’y pense pour toi. Je crois mademoiselle de Clarande belle, spirituelle, charmante ; je ne la sens pas simple, bonne et femme d’intérieur. De dot, peu ou point. Quant à toi, ta position, dont je vais m’occuper, ne sera pas de longtemps assez brillante pour flatter une femme ambitieuse… et quelque chose me dit que cette jolie fille,