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En s’éveillant quelques heures après le bal — avait-il même dormi ? — M. Ernest Samson était littéralement ivre de joie, comme il convient à un amoureux que le sort favorise.

Avec une merveilleuse netteté, il revit tous les détails de cette nuit radieuse, et en tira, à défaut de déductions accentuées, les plus encourageantes promesses.

En effet, s’il n’avait rien osé dire, il se croyait certain d’avoir été néanmoins compris ; s’il n’avait à s’offrir à lui-même aucune preuve palpable de sympathie partagée, il sentait encore dans ses yeux troublés les rayons adoucis des yeux de Judith.

Et c’était mille fois plus qu’il ne fallait pour enhardir ses espérances les plus téméraires.

Il n’avait pas de fortune, il est vrai, et Judith l’ignorait sans doute, mais la magistrature a un prestige. Il existe entre elle et l’armée des affinités positives qui ne pouvaient manquer d’exercer leur influence sur une famille distinguée.

D’ailleurs, il était jeune, il avait de l’avenir ; sa mère avait conservé des relations amicales avec le garde des sceaux ; un projet de mariage entre lui et la fille d’un officier supérieur serait une excel-