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Il paraissait impossible, en effet, que l’un de ces officiers intelligents ne fût pas séduit par le charme sérieux d’Hortense ou l’attrayante simplicité de Marcelle.

Quant à Judith, madame de Clarande se surprit, au bout de quelques visites, à rapprocher dans son esprit la grâce souveraine de sa seconde fille des manières distinguées du commandant Adalbert de Poitevy.

— On les dirait faits l’un pour l’autre, pensait-elle.

Judith se l’était déjà dit.

La plus jolie des filles du colonel avait encore infiniment plus d’ambition que de coquetterie.

La grande passion qu’elle montrait pour le plaisir n’était, au fond, qu’une forme de son idée fixe, qu’un moyen d’arriver à son but : un beau mariage.

Avec ses vingt ans et son apparente insouciance des réalités de la vie, Judith était éminemment pratique, dans le sens égoïste du mot.

Elle se savait jolie, ce qui lui donnait grand espoir ; mais elle se savait aussi sans fortune, ce qui la rendait songeuse.