Page:Berenger - Les Filles du colonel.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

contre un homme sur le compte de qui on s’était grossièrement trompé.

— M. de Poitevy, dit-elle, est habile, puisqu’il ne s’est jamais imprudemment avancé avec nous au point de ne pouvoir reculer ; il est à double visage, puisqu’il partageait ses soins entre deux femmes ; il est intéressé, puisque l’amour de l’or l’emporte chez lui sur toute autre considération. Il ne me paraît mériter aucun regret.

— Ah ! Judith !…

— Et si vous m’aimez, ma mère, épargnez-moi les vôtres.

Elle serra les mains de madame de Clarande, avec une effusion qui lui était peu ordinaire, et, d’un pas de reine, rentra dans la maison.

Sa mère la suivit pour essayer de la consoler ; mais l’orgueilleuse fille était de celles qui ne veulent pas de consolation et savent souffrir seules.

Ce fut alors qu’elle apprécia sa retraite, qui lui permettait d’abriter son humiliation loin des indiscrets et des impertinents.

Elle se prit de passion pour les ombreuses solitudes de la Bouletière, où elle s’enfonçait, pen-