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La veuve était rayonnante ; mais le commandant ne pouvait se défendre d’une certaine préoccupation depuis le mirage de chiffres éloquents dont maître Nabelet, le notaire, l’avait ébloui.

Le détachement de madame Myonnet sa lassitude des affaires d’argent lui paraissaient à la fois invraisemblables et dangereux.

— Gomme on la volerait ! pensait-il ; combien la pauvre femme connaît peu la valeur de l’or… et surtout le grand art d’en jouir !

Sa visite fut courte, malgré les instances de la veuve ; il mit à ne pas la retenir plus longtemps loin de ses devoirs de propriétaire, un jour de rentrées, une discrétion qui parut la contrarier quelque peu.

La pauvre femme ne prévoyait plus, en effet, par quel nouvel attrait elle obtiendrait encore sa présence si désirée.

Quand il sortit, la salle à manger se vidait lentement : le notaire déployait une prodigieuse activité, et, devant la porte grande ouverte, défilaient toujours les voitures de grains et de fourrages qui allaient déverser dans les greniers de la veuve leurs redevances semestrielles.