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femme, seule et détachée de tout comme je le suis !

— Si j’osais, madame, je dirais : trop détachée.

— Oui… c’est possible… je le sens… mais à quoi donc pourrais-je trouver du plaisir ou de l’intérêt ?

Elle courba la tête de la plus mélancolique façon, attendant une protestation ou un conseil.

Rien ne vint.

Alors la tête languissante se redressa, et la voix retrouva un accent moins lamentable.

— Quel bonheur, monsieur, que votre présence ait mis un terme à la procession que je subissais depuis ce matin !

— Vous me réconciliez avec moi-même, madame ; je me jugeais importun.

— Vous êtes providentiel, au contraire.

— Les soins qui vous occupent sont un peu lourds pour la délicatesse d’une femme, reprit le commandant en enveloppant d’un regard moitié figue, moitié raisin, l’opulente rotondité de la veuve.

Elle prit le regard du côté « raisin » et répondit avec un léger dépit :