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Un monde que ce salon !… vaste, sombre, fané. Le portrait de feu Myonnet en était le plus bel ornement.

La veuve s’y trouvait en compagnie d’un vieux monsieur, sec comme une épine et courbé comme un bec de perroquet, qui feuilletait des papiers accumulés sur la table ronde.

Elle vint, le sourire aux lèvres, au-devant de M. de Poitevy, se faisant toute gracieuse et laissant crier sur le parquet l’épaisse soie lilas de sa robe traînante.

— Vous avez tous les courages, minauda-t-elle… Hier vous braviez l’inconnu, aujourd’hui la distance.

— Je n’ai garde d’accepter l’éloge, madame, riposta-t-il ; ce serait me reconnaître un mérite que je n’ai pas en venant chez vous.

— Oh !… monsieur…

— Je crains seulement d’avoir maladroitement choisi l’instant de ma visite.

— À cause de ces braves paysans ?… Ne vous en inquiétez pas, je vous prie ; je suis si lasse de compter avec eux que, ce malin, j’ai signé en blanc une foule de reçus que maître Nabelet