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La lumière d’une lampe tamisée par un abat-jour de soie et de dentelle, tombait sur la tête penchée de la maîtresse de céans.

Assise le dos tourné à la porte, le front dans la main, madame Apolline Myonnet paraissait plongée dans la plus profonde rêverie.

Cette attitude suffisamment gracieuse lui seyait du reste agréablement.

Au bruit de la portière, qui retombait lourdement sur les talons du commandant, elle retourna la tête, et sans se retourner, d’un ton paisible :

— Justine, demanda-t-elle, qui donc a sonné ? M. de Poitevy s’inclina en disant de sa voix d’or :

— C’est votre très-humble et surtout très-reconnaissant serviteur, madame.

La veuve fit un cri merveilleusement naturel, se leva d’un bond, courut à l’officier, et, le regardant bien en face :

— Oh ! l’imprudent !… murmura-t-elle en lui tendant les deux mains.

Ce geste si cordial, cet accueil naïvement louchant déconcertèrent d’abord M. de Poitevy.