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Au fond, quelque chose manquait à ce bonheur. Parfois, au milieu de la danse la plus animée, Jane s’arrêtait et cherchait autour d’elle, quoi ?… elle le savait trop bien, sans doute ; car, secouant ses boucles brunes comme pour éloigner un souvenir opportun, elle se rejetait avec une ardeur nouvelle dans le tourbillon de la valse.

Ce soir-là, chez madame de Sobrière, elle apportait un front joyeux et toutes les apparences de ce bonheur de vingt ans fait d’hommages et d’insouciance.

Vraiment belle dans sa parure traînante de tulle lamé de satin pourpre, des camélias au front, au corsage, à la main, elle lisait dans tous les regards son triomphe incontesté.

Après le premier quadrille, elle vint se rasseoir près de la comtesse, en face d’une glace immense, qui lui répéta ce qu’elle avait lu déjà dans des glaces vivantes, où luisait un peu de dépit.

Qui peut dire pourquoi, à cette heure brillante, la pensée de la jeune femme s’enfuit brusquement loin de ce salon en fête pour évoquer, dans l’ombre d’un pilier de cathédrale, une figure brune, ardente, attristée ?