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ment, lorsque, de retour dans son bureau, et bien seul, il osa ouvrir la facture jointe à cet envoi, un peu de sueur vint à son front.

Où donc allait-il prendre les seize cents francs qui s’étalaient au bas de la facture avec une implacable sérénité ?

Seize cents francs de tulle, de moire, de biais, de satin et de flots de gaze ! Était-ce possible ? Ces choses-là arrivaient donc ? On écrivait à une couturière : « Envoyez-moi deux robes de bal », et l’on recevait avec le fouillis chatoyant une note très-brève et très-carrée : Seize cents francs.

Tout simplement le tiers de ses appointements d’officier supérieur.

Et il avait ri parfois des maris qui se ruinaient pour leur femme !… Oh ! le naïf ! ne venait-il pas d’entrer en étourdi dans la route où avaient passé ces maris-là ?

Madame de Nangeot avait bien raison de le juger « peu versé dans les choses mondaines ».

Il est vrai qu’un peu chèrement l’expérience allait lui venir.

Le voyage de Grasse à Douai avait fort entamé le prévoyant petit capital toujours tenu