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peu de porter ici ou là, ne lui parut plus supportable que dans le voisinage de son ange frêle. L’ange frêle avait inspiré déjà douze sonnets, trois idylles et deux élégies.

Quant à dépasser, même en imagination, ce bonheur pur, Just Evenin, tout poète qu’il était, ne l’aurait même point osé.

La douce figure de Jane lui inspirait, comme à tous, un respect profond qu’une pointe d’attendrissement rendait moins austère.

Voir Jane de loin, s’occuper de ses élèves et rimer chaque soir, en vers émus, la joie de la journée, suffirent au jeune homme jusqu’au jour où se répandit dans la ville la nouvelle officielle du départ du 206e de Grasse pour Douai.

Rester à Grasse ? Impossible. Aller à Douai ?… Oui, certes, mais comment ?

Just n’avait jamais rien demandé aux amis de sa famille, lesquels avaient pris la facile habitude de ne rien lui offrir.

Il se souvint d’eux tout à coup. Certain oncle, qu’il négligeait fort, était camarade de collège du recteur de l’Académie de Toulouse. Si l’on pouvait l’intéresser à sa cause ?