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Jane vit tout cela dans un mot, et tout cela était parfaitement vrai.

Just Evenin, intelligence vive, nature rêveuse, ambition nulle, professait par devoir et par nécessité. Sa vocation eût été la vie, libre d’entraves sociales, des poètes et des rêveurs riches.

Ceux-là pouvaient gravir, à leur heure, les sommets du Parnasse, sans que les brutales exigences de la réalité vinssent les contraindre à en redescendre brusquement.

Ceux-là, s’ils n’avaient pas de génie, trouvaient du moins le temps d’avoir du talent. Lui, ses heures de classe terminées, rimait avec entrain ou se lamentait avec des larmes plein la plume, suivant l’inspiration du jour.

Depuis quelques mois, l’inspiration avait pris l’agréable forme d’une jeune femme frêle, toute pâle et d’exquise beauté.

Je vous laisse à penser s’il lui fit fête !… Ce rêve très-éthéré s’empara de sa tête, de son cœur, de tout son être, avec tant d’âpreté qu’il en fut transformé.

Son existence insouciante, qu’il lui importait