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la chercher à la fin de la semaine, et continua son voyage vers Douai.

La jeune femme éprouva pour la première fois, en se retrouvant dans la maison paternelle, une sensation de profonde tristesse. Les explosions d’amour de madame de Nangeot avaient une exagération dont sa délicatesse souffrait. N’avait-elle pas appris ce que cette exagération dissimulait d’égoïsme, depuis qu’elle avait senti autour d’elle l’influence vivifiante d’une tendresse vraie… et peut-être rêvé la douceur romanesque d’une tendresse forcément silencieuse ?

Ces huit jours lui semblèrent longs. Le vieil hôtel délabré ne parlait plus à son imagination ; ses amies de Paris lui parurent plus heureuses qu’elles ne l’étaient autrefois, tandis qu’elle-même se sentait mal à l’aise et comme hors de sa voie.

La conversation frivole de madame de Nangeot ne combla pas ce vide intime. Elle n’attirait point les confidences et révélait une ignorance persistante des choses militaires.

— Quoi ! pas un bijou ?… pas un pauvre brin de dentelle de plus que l’an dernier ?… Ah ! mon