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jolie Jane, et l’on comprenait, en l’entendant parler, ce qu’on avait bien soupçonné rien qu’à la voir : la tendresse chaude, indulgente et sans bornes de son mari.

Elle allait et venait dans sa maison comme une petite reine heureuse, gâtée, n’ayant qu’à se laisser vivre, ignorant les moindres inquiétudes de l’existence nomade qu’elle avait acceptée, ne se doutant même pas des prodiges d’ordre qu’il fallait accomplir autour d’elle, en dehors d’elle, pour suffire à ses exigences.

Mademoiselle de Nangeot avait été élevée dans des habitudes de grandeur tout à fait en désaccord avec l’étroitesse réelle de sa position. Sa famille escomptait un héritage. Quand l’héritage fut mûr, il tomba dans la main des Nangeot sous forme de papiers timbrés et d’actes hypothécaires. Plus rien de disponible n’en restait pour doter Jane.

Un peu romanesque, mais d’un caractère excellent, la jeune fille ne fut point effrayée de cette perspective. Son nom et sa beauté lui semblaient, avec quelque raison, un enviable douaire.

Elle ignorait, sans doute, qu’il est une autre