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il avait difficilement obtenu la main, le major passait pour un homme très-heureux, et l’était certainement.

Quoique la jeune femme n’eût manifesté aucune satisfaction de quitter Grasse, où les ressources de société sont assez restreintes, le major entreprit avec entrain ses préparatifs de départ.

Il fallait le voir, entouré de caisses déjà faites, les bras en avant, enfoui jusqu’à mi-corps dans une malle immense, spécialement destinée à transporter, dans le meilleur état de conservation possible, les fraîches toilettes de madame Jouanny.

Lui éviter une fatigue, lui causer un plaisir, mériter un des beaux sourires reconnaissants de sa jeune femme étaient, à n’en pas douter, le but et la joie de son existence conjugale.

Elle le regardait faire, conseillant ceci, blâmant cela, sans quitter la chaise basse en tapisserie où elle se pelotonnait comme une chatte paresseuse.

Il était difficile d’être plus jolie que Jane Jouanny dans cette indolente attitude. Son corps frêle avait un abandon charmant ; sa tête fine,