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Ce qui revient à dire que, règle générale, le militaire déplore sa nouvelle garnison, quitte à la regretter chaudement quand vient l’heure d’en partir.

Cette fois, au moins, les récriminations d’usage s’apaisèrent vite. Douai, avec ses facultés, sa cour, son théâtre, offrant, après tout, d’importantes supériorités sur Grasse, la petite ville embaumée, où l’on venait de passer un an.

Les officiers garçons bouclèrent leurs valises et partirent allègrement. Traverser la France d’un bout à l’autre une fois de plus, la belle affaire ! Les jarrets de sous-lieutenant ont une merveilleuse souplesse, et les jarrets de capitaine regagnent en habitude ce qu’ils ont perdu en élasticité.

Les officiers mariés acceptent d’ordinaire avec de secrètes révoltes ces formidables déplacements écrasants pour la bourse et compliqués de séparations pénibles pour le cœur.

À la surface, une résignation souriante ; il ne faut pas laisser voir aux bons camarades que la femme, les enfants, la nourrice, les colis, sont parfois des charges bien lourdes.