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Ce nouveau coup frappa la veuve au cœur ; la misère aidant, elle ne devait plus se relever. Judith de Clarande, dans cette épreuve suprême, gagna en énergie tout ce qu’y perdit sa mère. Elle se roidit contre le malheur, et nous avons vu déjà de quelle manière elle supportait la lutte.

Voir sa fille travailler, se fatiguer, pâlir…, cette belle Judith, dont elle était si fière !… c’était l’éternel désespoir de la pauvre veuve.

Ses deux autres filles, mariées l’une à un lieutenant de hussards sans fortune, l’autre à un capitaine démissionnaire et père de plusieurs enfants, venaient en aide à leur sœur, dans la mesure de leurs ressources, avec une exquise délicatesse ; mais ce n’était point assez. La mère, qui eût voulu voir son idole couverte d’or, était réduite à en recevoir une part du pain quotidien.

Ces réflexions douloureuses amenaient une fois encore des larmes dans les yeux de la veuve, quand un coup sèchement frappé à la porte la fit tressaillir. Aussitôt, sans même attendre sa réponse, la concierge se montra : à quoi bon avoir