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invraisemblable avarice que sa jeunesse et son visage ne permettaient guère de supposer.

Nourrissait-il sa famille ? On apprit qu’il était orphelin depuis nombre d’années. Avait-il à sa charge quelque ménage interlope, lourd fardeau que quelques-uns traînent après eux de garnison en garnison, en en souffrant, en en gémissant, sans avoir l’adresse de glisser hors des liens, ou la force de rompre la chaîne ? Non pas, il vivait seul, sobre comme un trappiste, rangé comme un anachorète.

Son secrétaire, fourrier d’avenir qui étudiait la vie en même temps que la comptabilité, et faisait in petto sa petite enquête sur son chef direct, ne voyait jamais arriver de visite suspecte ni de lettre mignonne ou parfumée.

Jamais, en quittant le bureau à l’heure du courrier, le jeune scribe ne portait à la poste que des lettres de service militaire. Jamais il ne remarqua de démarches douteuses, ni de griffonnages dissimulés à son approche. C’était à n’y rien comprendre.

Le trésorier était donc un sage ou un désillusionné C’était un être mystérieux surtout. MM. les