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Lorsqu’elle eut achevé, un murmure sympathique, mille fois plus flatteur que de frénétiques bravos, salua la révélation de ce talent admirable.

— Vous êtes cantatrice comme la Patti ! s’écria M. Gilmérin enthousiasmé.

— Avec la beauté majestueuse en plus ! ajouta galamment le lieutenant Périllas, dont les petits yeux méridionaux lançaient des éclairs.

Edmond Gaussens, avec sa spontanéité d’artiste, déclara n’avoir jamais rien entendu d’aussi parfait, ce qui était beaucoup plus vrai qu’on ne pouvait d’abord le croire.

Judith de Clarande, froide et calme, accueillit ces éloges avec une gratitude réservée. Sa lèvre involontairement dédaigneuse semblait indiquer que les bravos de cette société bourgeoise lui paraissaient à peine dignes d’attention. Le vaudevilliste excepté, et encore !… qui donc pouvait la comprendre ?

Elle se trompait cependant. Sosthène Gilmérin, qui n’avait pas encore ouvert la bouche, la voyant seule dans l’embrasure d’une fenêtre, penchée sur une jardinière fleurie, lui dit à demi-voix, d’un accent pénétré :