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Malgré la lente maladie qui minait sa mère, malgré l’isolement de ses vingt-trois ans et les dangers de sa beauté blonde, elle se rendit seule, comme une femme que sa position émancipe, à l’invitation de mademoiselle Gilmérin. Elle avait, du reste, — elle autrefois si coquette, — le bon goût d’harmoniser son extérieur avec les difficultés de son rôle et de mûrir le plus possible le rayonnant attrait qui émanait de toute sa personne.

Vêtue d’une robe de taffetas noir, dont la coupe puritaine faisait valoir les lignes pures de sa taille, elle avait répudié les volants, les tuyaux, les pouffs insensés décrétés par la mode ; elle portait noblement les plis allongés de l’étoffe cassante.

Ses splendides cheveux blonds, non plus répandus en boucles folles sur ses épaules, mais relevés en diadème sur son front, donnaient à sa physionomie sérieuse un cachet imposant.

Lorsqu’elle entra, lente et digne, dans le salon Gilmérin, on eût cru voir une jeune impératrice. Valérie, bonne et point jalouse, en fut un peu surprise et toute charmée. Eudoxie Boinvilliers