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revoyait le lendemain ; ils en étaient heureux, et toujours ainsi depuis un an.

C’était peut-être bien imprudent à M. Gilmérin d’ouvrir ainsi toutes grandes les portes de la volière élégante où il détenait captif son bel oiseau rare ; son trésor, sa fille ! Eh ! sans doute, la stricte sagesse aurait exigé que l’enfant sans mère vécût plus retirée, moins exposée aux regards, hardis par vocation et par métier, d’hommes de lettres et d’hommes de guerre.

M. Gilmérin possédait, comme père, l’aveuglement que l’on suppose à tort monopolisé par les maris. Il comptait que son fils ne lui amènerait que d’honnêtes gens, incapables d’abuser de son hospitalité ; que sa fille, qui avait besoin de quelques distractions, était trop bien élevée pour faire un choix sans son approbation. Cela lui suffisait pour dormir en paix.

La réalité servit mieux ses prévisions hasardeuses qu’il n’était permis de l’espérer. Valérie distribuait équitablement à tous ses attentives prévenances de maîtresse de maison, ne manifestait aucune préférence, les saluait à l’entrée d’un bonjour souriant, et au départ d’un regard